Mon polytrauma

Mardi 29, une nouvelle entrée, un polytraumatisé, ça c'est encore les étudiants qui vont se taper la toilette complète au lit du vieux grabataire... " Bonjour, je viens vous aider à faire votre toilette !". Oh, euh, ah, salut...

Parce qu'en fait le vieux grabataire il a 26 ans. Il s'est planté en camion (C'est son job. Pas de se planter hein, de conduire les camions). Il est moche. Oui c'est encore cette bonne vieille expression belge. Moche ne veut pas nécessairement dire "bah dis donc il n'a pas été gâté par la nature celui là !". Ca veut dire il est mal en point. Et il l'était. Je l'ai vu et j'ai détourné la tête parce qu'un visage qui ne ressemble pas a un visage, des bras lacérés, brûlés, déchirés, des jambes en miettes, un homme qui ne ressemble plus à un homme, ça fait peur. Mais il est là. Et maintenant, que la bataille (sa bataille) commence... De blocs opératoires en blocs opératoires, d'interventions en interventions, anti-douleur sur anti-douleur, il se bat.

Aujourd'hui il n'est plus moche. C'est ainsi que je peux m'appercevoir qu'il est plutôt gâté par la nature celui là (et bizarement quand je le regarde, je ne détourne plus la tête !). C'est décidé, c'est MON polytrauma. Alors je souries, je ris, et même mieux : je le fais rire. On ne parle pas la même langue, mais le sourire c'est universel. Et quand j'essaie de pronnoncer quelques mots dans sa langue à lui, il rit tellement que ses cicatrices lui infligent une douleur vive et poignante. Je suis sadique ? Non, c'est lui : il en redemande !

Il est rafistolé. Il va bien aller. Mais il doit rester encore plusieurs jours (semaines ?) à l'hôpital, le temps d'être sûrs que toutes les rustines, elles, tiennent...la route.

C'est MON ploytrauma. Bonne route Poly !

Comments

[Julie]

Pfff, non je le dirai pas encore, que t'es géniale, sinon tu me croira plus.
Mais je le pense très fort.