Ma vie au CNWL II, épisode 1

*Lundi 1^er décembre 2008*

Nouveau jour, nouveau mois, nouveau stage. Mais je connais le lieu, et je meurs d’envie d’y retourner. Centre Neurologique William Lennox, me (re)voilà…

Je ressens toute l’excitation mêlée d’angoisse que me procurent ce genre d’épopée. Je traverse les rues qui s’éveillent, moi-même à peine sortie d’un sommeil plus ou moins profond.

La première étape c’est celle du tram. Je déteste le tram, qu’il se le tienne pour dit.

Ca, c’est fait. L’étape suivante c’est le train, et j’aime pas non plus. « Le personnel de ce train vous souhaite la bienvenue ». Ah c’est sympa. Merci personnel. C’est fait aussi, et jsuis contente. Je sais que je vais me déconnecter de tout ce que je ne supporte plus (moi y comprit). Je m’efforce de ne pas descendre du nuage que je me construis moi-même. Rester perchée, c’est ça dont j’ai envie.

Je prends la navette qui m’amènera au centre. Je reviens comme après de très longues vacances… Les routes sinueuses qui montent vers le centre n’ont pas changé, ah, c’est donc là que je resterai perchée…

La personne chargée d’accueillir les étudiants n’est pas là aujourd’hui, m’en fou, je connais la maison. Je vais donc récupérer les clés et entre ds le logement. Il a l’air d’être occupé. Par un ou deux étudiants en haut, je ne suis pas allée voir en bas. Je prends la même chambre que j’avais occupé en mars. Ca n’a pas changé. Une ptite pointe de nostalgie, je défais mon sac et enfile le costume de ma vie. Mpiii, étudiante infirmière en 3^ème année.

J’arrive ds le service et me voilà face aux infirmières, ergo, éducateurs, kiné, neuropsy, etc. je j’avais tant admiré. Comment vas-tu ?? Qu’est ce que tu deviens ? ca fait plaisir de te voir !! Alors évidemment, je suis à l’aise. Après un bref topo sur les patients, je me lance dans le service, à corps pas perdu. Je rencontre un étudiante infirmière de 3^ème année, Claire. Elle est paumée alors je fais ma savante qui sait où chaque chose se trouve et qui connait le déroulement et l’organisation des journées. Ca la rassure, et ça me rassure. On s’entend bien, on rit et on joue au Uno. J’ai dit joue ? Pardon, on soigne par le Uno. Parce que celui qui dit qu’il veut se barrer d’ici en posant le 3 jaune, c’est pas anodin. Je réendosse le rôle de détective, j’observe, j’interprète, je fais des liens.

Je connais la silhouette qui s’approche dans le couloir. Je la connais parce que Judith, 23 ans, était déjà là en mars. Elle est rentrée chez elle, mais est revenue, ses crises d’épilepsie augmentant en nombre et en intensité. Elle fricote avec un autre patient. De 45 ans. On parle. Pardon, elle parle trop, j’écoute.

Je suis contente, j’avais peur que ce soit trop différent par rapport à la dernière fois, mais en fait, c’est définitif : j’aime être ici.

Ah, et, j’ai failli oublier, nouvelle entrée aujourd’hui : Véronique, 55 ans, héminégligente.

Y’a pas à dire, on choisit pas ce qu'on vit, mais on peut choisir d’y croire…